Ci dessous le témoignage d'un propriétaire de moulin à REIGNAC SUR INDRE


 

Souvenirs d’un fabricant de moulins : André CAZENABE

 

Années 1950-1960

 

Pour avoir fait appel à ses soins comme meunier, pour réparer, entretenir et installer tout ce qui concerne les moulins. J’ai toujours été impressionné par cet artisan en tant qu’ouvrier et en tant qu’homme, faisant partie du conseil municipal de Beaulieu, toujours de bon conseil, un homme réfléchi. André CAZENABE et son cousin Lucien COMMUN, des ouvriers extraordinaires, n’ayant pas l’air de toucher au travail,  prenant leur temps lorsqu’ils entreprenaient un travail, ne revenaient pas deux fois sur le même geste. Lorsqu’ils finissaient un travail, l’on pouvait être sûr du résultat. Ainsi, dans les années 1962, ils m’ont refait la roue de mon moulin à neuf entièrement. L’axe de la roue étant en chêne, il leur a fallu le choisir dans la forêt de Loches, une bille de bois de 6m de long et 1m de diamètre, il ne fallait que du cœur de chêne sciée en huit pour le transporter jusqu’à leur atelier qui n’était pas une petite affaire  lorsqu’on voit l’accès de cet atelier, avec un petit diable à eux deux, qu’ils poussaient à la main jusqu’à leur atelier afin de le travailler avec tous les outils dont ils disposaient, pour ressortir en roue de moulin.

Leur atelier ou tout tournait, commandés eux-mêmes par un moulin. Atelier où l’on voit des courroies, des perceuses, tours à bois et fer, génératrice car ils faisaient leur électricité, une vraie usine, avec plein d’outils divers.

 

Ainsi, ils m’ont fabriqué et installé ma roue de moulin, pas simple de mettre tout cela en place, la pièce maîtresse (la pièce de bois = 2 tonnes) qu’il leur a fallu mettre, faire rentrer dans le moulin par un trou prévu, comme dans tous les moulins, l’approcher centimètre par centimètre sur des rouleaux, tirer par des tire fort, tout à la main, la caller, ajuster. A la mise en route, la magie du savoir-faire avait fait son œuvre, tout doucement d’abord, jusqu’à sa vitesse de croisière pour tourner comme une horloge. Rien à modifier, tout avait été prévu, je ne pouvais que m’incliner  et reconnaître leur savoir faire.

 

Des ouvriers comme ça, on ne les oublie pas

 

Merci  à André CAZENABE et à Lucien COMMUN.

 

Aujourd’hui disparus, ils laissent  leur atelier comme mémoire.

 

Peut être un jour, un musée, cela serait de leur rendre hommage